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The Sad Mad

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Haigha Harrey

Haigha Harrey

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MessageSujet: The Sad Mad The Sad Mad EmptyDim 22 Mar - 18:00


Tables du Chapelier  ◈  Quelques temps après la malédiction

Haigha Harrey
The Sad Mad



   I
l se trouvait debout devant une table, parfaitement droit, parfaitement calme. Son souffle léger et régulier imperceptible dans l'air étouffant de la forêt de champignons. Ses mains fermées, ses yeux baissés, il regardait une tasse abandonnée vider son thé sur la nappe blanche. En se concentrant bien, il lui semblait pouvoir la voir tomber des mains du Loir. Pas assez fort pour se briser tout à fait, mais assez pour en casser la moitié. Il entendait très bien le son que cela produisait. Un tintement clair, un bruit de porcelaine, une fêlure déchirant l'atmosphère pareille à un petit éclair. Il voyait les fragments, délicatement peints, exploser à l'impacte, flotter une seconde dans l'espace avant de retomber en neige coupante entre les théières, comme il les avait tant de fois vu faire. Il crut entendre, encore, l'écho du rire du Chapelier, car il aurait rit bien sûr, si la tasse volante était tombée sur lui et pas parmi les toasts. Mais la tasse était là, et le Chapelier ne riait pas, pas cette fois. Il aurait fallut donner une autre coupe au Loir. Qu'ils puissent continuer à trinquer à la gloire du temps perdu et souhaiter dignement tous les anniversaires manquants. Oui, il aurait fallut, pour que la joyeuse troupe puisse continuer à boire.

Haigha tendit le bras, mais suspendit son geste. Non, il avait dit non. Cela faisait une semaine ou des mois qu'il faisait cela. Qu'il remettait les tasses debout, recollait les morceaux et faisait en sorte de garder le thé chaud. Lui qui ne prenait jamais la peine de compter les secondes avait retenu que le soleil s'était levé plus d'une fois depuis qu'il avait commencé à gérer l'intendance. C'était épuisant, il ne manquait pourtant pas d'énergie, mais parler pour quatre était des plus éprouvants. Il aurait bien voulu que quelque chose sur cette table inerte lui apporte un peu d'aide. Qu'une petite cuillère se mette à parler ou qu'un pot de marmelade lui raconte une blague. N'importe quoi plutôt qu'être obligé de se faire encore la conversation tout seul.

~ Tout seul, tout seul, le pauvre petit lièvre se sent seul.

~ Seul ! Seul ! Seul !

~ Faudrait-il l'aider ?

~ Oh non, laissez-le seul ! Il se débrouille très bien tout seul.

~ Seul ! Seul ! Seul !

~ Seul sans compagnie nous te l'avions toujours dis !

Les pupilles du lièvre s'élargirent alors qu'il se tapa vigoureusement une oreille pour la vider de ces vieilles voix invisibles. Elles avaient raison. Oh oui, oui, elles avaient raison. Toujours raison. Il aurait fallut manger le chat et inviter le rôtis, servir les assiettes sur les marches du palais et assaisonner les crêpes. Et si elles ne se trompaient pas pour ça alors elles ne se trompaient pour rien et si elles ne se trompaient pour rien alors elles étaient la raison même et, la raison, il en avait bien besoin.

On aurait peut-être dut faire de la crème d'anchois aux marrons avec du salamis et des orties, peut-être qu'ils ne seraient pas partis, proposa-t-il alors qu'il s'animait pour chercher sur la tables les ingrédients de cette curieuse confitures.

~ Peut-être, Peut-être, renchérit une voix.

Peut-être.

~ C'est toujours des peut-être !

Peut-être, mais c'est bien. Ce qui peut être est toujours mieux que ce qui ne peut pas. Il retourna une tasse d'un tour de main et commença à en empiler quatre ou cinq en une tour bancale.

~ Peut-être qu'avec du vert sur la table le printemps reviendra et dans printemps il y a temps et le temps c'est de l'argent.

Le lièvre balaya les tasses d'un revers de la main et grimpa sur la nappe alors qu'elles s'écrasaient dans l'herbe.

Oui, pourquoi pas ! Mais quel verre il y en a plein ?

~ Les couverts sont en argent. Et le temps est repartit.

Ah bon ? Il était arrivé ?

Haigha se jeta à plat ventre entre les assiettes et colla son oeil aussi près des miettes qu'il le pouvait. Il faudrait nettoyer.

~ Oui, mais en retard.

Comme toujours c'est de bon ton.

~ Ton ! Thon ! Thon ! Boite de Thon !

Ton ! Ton ! Ton. La tienne de l'ire dit-on. Tonna par quatre fois sur tous les tons.

~ Quatre ?!

~ Quatre ?!

~ Quatre ?!

Quatre !

D'un coup de point sec sur une petite cuillère qui trainait par là, l'homme-lièvre improvisa une catapulte qui propulsa vers les nuages une vaporeuse pluie de sucre.

Oh oui quatre, mais c'est odieux !Il se redressa aussitôt et se mit à tambouriner des pieds contre la table qui tremblait sous son poids.Trop lourd petit lièvre, ricana-t-il, se laissant tomber à la renverse jusqu'à ce que ses fesses cognent sur le bois dur. Trop lourd trop lourd. Lourdaud de corbeille de corneille bureau. Il se redressa tout aussi brusquement et prit un air distingué, enroulant ses longues oreilles imaginaires comme pour se faire un chapeau. Arrête donc de manger des trèfles vieille bedaine ou tu éclatera comme la bonne volonté. Ses oreilles se dressèrent et il eut un mouvement de recule. Mais le trèfle c'est extra ! Comparé au carreau rien ne le bas ! Il se redressa et leva l'index pour corriger d'un air savant : Bat. Bat ! Surveille ta grammaire porcelaine porcelet. Qu'importe ! éclata-t-il en écartant les bras avant de les faire claquer contre ses cuisses. Ma grammaire tu ne la vois pas. Je te parle ! Écoute. Chut ! Il se baissa jusqu'à poser un genou sur la table, un doigt sur les lèvres les autres tendus dans le vide. Chut... chut... Son poing frappa son piédestal. Oh le thé ! Je t'ai dit de me passer le thé ! Il attrapa une soupière et la jeta de toute ses forces contre la chaise du Chapelier.

Le lourd objet fut réduit en mille morceaux lorsqu'il cogna le dossier vide. Il l'avait heurté avec une telle violence que le siège se mit à basculer vers le sol pour s’étaler par terre, comme au ralenti, dans un bruit sinistre. Haigha s'immobilisa. Regarda la place inoccupée devant lui et se redressa. Le visage fermé, calme et droit. Il tourna la tête à gauche. Puis à droite. Revint sur le centre. Toutes les chaises étaient vides. Le thé était froid, répandu en larges tâches brunes sur la nappe. Il n'y avait plus que lui, dressé au milieu de la table bien mise. Lui et sa folie.

~ Petit lièvre ne doit pas rester seul.

~ Mais petit lièvre n'a plus d'amis.

~ Comme c'est triste ! Comme c'est triste...

~ Nous pouvons être des amis pour toi.

~ Comme avant tu te souviens ? Comme l'on s'amusait bien ?

Oui, peut-être bien, peut-être pas.

~ Qui est-ce ?

~ Écoute ! Quelqu'un vient.

Qui est-ce ?

~ C'est toi !

~ Qui ça ? Quoi ?

~ Le petit lièvre toqué c'est toi !

Les voix éclatèrent de rire toutes en même temps et Haigha les imita, d'un ton nerveux et légèrement suraiguë. Il ricana à droite, ricana à gauche, et se propulsa en avant pour descendre de la table. Il se laissa tomber sur le siège renversé du Chapelier, se servant du siège comme dossier et du dossier comme siège et croisa les bras sur ses genoux pliés, faisant danser ses mains au bout de ses poignets.

Chapelier, Loir et Chat, fredonna-t-il entre ses dents. Où est-vous passés ? Chapelier, Loir et Chat, ils m'ont tous laissé.

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Astrid F. Oakenshield

Astrid F. Oakenshield

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MessageSujet: Re: The Sad Mad The Sad Mad EmptyDim 5 Juil - 15:11

The Sad Mad
Ft. Haigha
Silence. Silence de mort. Voilà tout ce qu'était l'univers d'Astrid. Solitude démesurée. Solitude amère. Aurait-elle dû partir ? Aurait-elle dû rester ? Il était trop tard à présent. Beaucoup trop tard. Elle serait seule, pour toujours peut-être, et même jusque dans la mort. Voilà à quoi elle était condamnée, pauvre enfant en détresse qui venait de se réveiller d'un long rêve idyllique, et se retrouvait confrontée à la si terrible réalité. En fait, elle n'avait pas dormi de la nuit, et avait sacrifié quelques heures de repos pour déchiffrer la carte de Wonderland et trouver un moyen de partir de cet endroit qui lui avait apporté solitude et malheur. Peut-être valait-il mieux jeter un regard vers le futur au lieu de se lamenter sur son passé en essayant de croire que tout redeviendra comme avant et qu'un jour, on viendrait la chercher. Car rien n'est plus pareille, et personne ne pourrait la sauver. C'était à elle, et à elle seule, de savoir quoi faire de son temps à présent.

Il n'y avait pratiquement rien dans son cabanon. Elle n'avait emporté avec elle que sa hache et son bouclier de la forêt enchantée, et n'avait pas eu l'occasion de faire quelques aménagements. En fait, il n'y avait dans l'unique pièce de son repaire qu'une couche de paille et de couverture et une table qu'elle avait volé dans une petite maison dont le propriétaire s'était absenté. Astrid y retournait de temps en temps pour y piquer de la nourriture, et le propriétaire ne s'en était jamais plain. Peut-être même qu'il n'avait jamais remarqué la disparition de ses biens. La blonde possédait aussi un vieux coffre en chêne dans lequel étaient entreposés toutes choses de valeur à ses yeux. Aussi, elle attrapa une sacoche de cuir et un sac de voyage, et ouvrit le coffre pour prendre ses affaires et quitter ces lieux. Nourriture, cartes, vêtements et argent furent ainsi rangés avec soin dans les sacs. Une vielle chevalière fut aussi passé au doigt de la jeune fille, souvenir lointain de sa famille disparue. A sa ceinture pendait sa hache et elle avait également passé son bouclier sur son épaule.

L'échelle grinça lorsque la guerrière descendit, et lorsqu'elle fut à terre, elle eut la joie de retrouver le sol frais et humide. Comme elle en avait eu marre des lattes sèches du plancher, et des échardes se plantant dans les moindres parcelles de peau découverte. Astrid soupira. Où aller ? Où se rendre ? Elle n'avait pas la capacité de voyager entre les mondes, et elle ne savait pas non plus où trouver le chat du Cheshire. La demoiselle resta indécise sur la destination à prendre jusqu'à ce que le souvenir d'un vieil ami joigne ses pensées. Le chapelier. Il fallait le trouver lui. Mais était-il encore là ? Était-il au moins en vie ? Laissant un dernier regard pour le cabanon, la blonde se mit en route vers l'entre du Chapelier. Lui saurait quoi faire. Et au moins, elle se sentirait moins seule, perdue au beau milieu de nulle part, dans un monde où un chemin peut mener à un autre.

La route parut durer une éternité pour la jeune femme, qui finit par s’essouffler. En prime, les paysages se ressemblaient tous, et impossible de s'y retrouver avec tous ces arbres identiques. Et pas moyen de parvenir à se rappeler d'un repère tel qu'il soit, comme si les éléments du décor les plus importants s'effaçaient sans laisser de trace. La belle affaire. Et se fier aux étoiles n'était pas mince affaire lorsqu'il faisait jour. Ce n'était en plus qu'un doux euphémisme.

Ce fut par un pur hasard qu'Astrid dénicha la demeure du Chapelier. Devant elle se dressait la bâtisse dans laquelle elle avait prit le thé quelques fois avant de sombrer dans un magnifique rêve qui sembla durer que quelques fractions de secondes, mais qui avait duré pour son plus grand malheur quelques jours. Quelques mois. Quelques années peut-être. Postée devant le portail, fidèle une fois de plus au poste, elle chercha une sonnette, ou une cloche, pour annoncer son arrivée. Mais rien. Rien du tout. Plutôt que de rentrer comme elle l'avait fait autrefois, elle chercha à faire connaître sa présence en ces lieux.

- Hé, le toqué au chapeau ! T'es là ?

Pas la moindre réponse. Pas le moindre bruit. Il n'y avait personne. Il n'était plus là. Plus de Chapelier. Parti. Parti. La voilà de nouveau seule. Tellement seule. La voilà de nouveau en compagnie de sa chère solitude. Mais voulais-elle vraiment être seule ? Parce que voilà qu'elle l'était. Seule. Seule. Seule. SEULE.

Alors que la demoiselle, dépitée, voir même accablée, tourna les talons pour partir, un grand fracas venant du jardin la fit sursauter. Si elle avait été transformée en loup, ses poils se seraient hérissés sur son échine. Elle tourna vivement la tête, et s'approcha de nouveau du portillon. Qui donc était là ? Un voleur ? Un brigand ? N'importe qui à la recherche d'une maison ? La blonde tendit l'oreille, et ouvrit le portillon. Au fur et à mesure qu'elle s'approchait du jardin, une voix feutrée parvint à elle. Elle ne prenait pas toujours la même intonation, ni le même ton, mais Astrid savait parfaitement qu'elle appartenait à une seule et même personne. Un fou. La voilà bien avancée. Peut-être aurait-elle mieux fait de partir. Ce ce qu'elle allait faire. Mais le fou, qu'elle entendait nettement mieux à présent, évoqua le Chapelier, le Loir et le Chat dans ses élucubrations. C'était décidé. Il l'aiderait à retrouver son ami perdu.

La jeune femme déboucha sur le jardin qui lui avait été autrefois familier. Mais à présent, tout lui semblait étranger, et elle peinait à reconnaître les éléments qui lui avaient parus si clairs dans ses souvenirs. L'immense table était toujours là. Mais c'était bien la seule chose qu'elle reconnaissait. Les plantes avaient été clairement laissées à l'abandon, et avaient poussé comme bon leur avait semblé. L'endroit était lugubre, et entièrement délabré. Astrid cru d'abord qu'il n'y avait personne, et que le fou avait fuit, mais une chaise renversée attira son attention, et un homme assis sur le dossier, lui tournant le dos et caché à moitié par la chaise, semblait être celui qu'elle cherchait. La table était dévastée, mise à sac. Le thé était renversé, les gâteaux étaient à présent rassis, et les tasses presque toutes brisées. Un clair manque de soin visiblement.

A pas feutrés, elle s’approcha de l'individu sans pour autant lui signaler sa présence, contourna la chaise renversée et se posta devant lui avait un air grave, et sombre. Elle s'accroupit, méfiante, et braqua son regard sur le visage de l’intrus. Si c'en était vraiment un.

- Tu ne devrais pas être ici. Cette demeure appartient au Chapelier tu sais ?

C'était du moins ce dont elle avait toujours été persuadée. Elle tourna la tête, et balaya du regard l'endroit. Tout semblait froid, et peu accueillant. Même la maison, ou plutôt le moulin, semblait tomber en ruine. Il ne devait plus y avoir  qui que ce soit ici depuis un long moment. A part ce nouveau venu bien évidement. Qui était-il ? Astrid n'en avait aucune idée. Sa tête ne lui disait rien. Il n'avait rien de familier. Comme le reste.


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Haigha Harrey

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MessageSujet: Re: The Sad Mad The Sad Mad EmptyLun 6 Juil - 0:29


Tables du Chapelier  ◈  Quelques temps après la malédiction

Haigha Harrey
The Sad Mad



   H
aigha savourait le fonctionnement de ses articulations bien huilées. Petit tour à droite, petit tour à gauche, il rassembla ses doigts pour former une bouche et la fit claquer avec application avant de tourner la tête sur son autre main pour répéter l'opération. Ses deux mains se servirent un instant un discours muet sous son regard attentif, mais leur débat devint très vite tout à fait désagréable pour la gauche. Après quelques claquement de doigts colériques, le lièvre finit par perdre patience et secoua frénétiquement les deux protestataires pour tourner court aux conflits. Ces mains ! Quelles empotées ! Le lièvre les rassembla et se mit à croiser les doigts. Une phalange dessus, l'autre dessous, on enroule son index, on fait le tour du château et tout fini dans le trou. L'animal était totalement absorbé dans sa fabrication de nœuds vivants qu'il ne remarqua même pas que quelqu'un s'était finalement approché. Ce ne fut que lorsque la guerrière obscurcit son champ de vision et lui adressa la parole qu'il leva la tête, le visage complétement inerte.

— Fille. lâcha-t-il, le regard mort.

Une vieille lueur se ralluma soudain au fond de son œil. C'était une fille ! Une vraie ! Comme la petite peste collante d'Alice qui ne savait pas couper le thé pour bien le distribuer. Une fille ! C'était quelqu'un, quelqu'un de vivant, qui bougeait et respirait et non pas une de ses hallucinations. Une fille ! Avec deux yeux, deux jambes, deux bras, trois têtes... quoique non, c'était des épaules, mais une fille quand même ! Haigha cessa aussitôt de jouer avec ses mains et les projeta droit sur le col en armure de l'étrangère, la tirant violemment vers lui comme s'il avait voulu grimper au sommet d'un arbre.

~ Fille ! Fille !

— Fille ! s’égosilla l'animal.

~ Peser, mesurer, vérifier.

Le lièvre agrippa le visage de la jeune femme en une fraction de seconde, plaquant son nez contre sa joue pour inspirer de grande bouffée frénétiques de parfum. Oui, ça sentait bien l'humain. Il la relâcha une seconde, le temps de se dresser sur ses pieds, avant d'attraper une nouvelle fois ce visage étranger et d'essayer de l'entrainer vers le sol de tout son poids, lui écarquillant les paupières de ses ongles crasseux. C'était bel et bien quelqu'un.
~ Fille !

~ Fille !

~ Fille !

— Fille ! cria-t-il encore de tous ses poumons en secouant le crâne qu'il avait entre les paumes.

Aussi subitement qu'il avait commencé, Haigha lâcha tout et se propulsa avec force - mais non sans quelques difficultés qui valurent une chute dans le vide à une théière - sur la table. Sans cesser de répéter encore et encore le même mot si fort qu'il en aurait fendu le mur du son, il déambula à toute vitesse sur la nappe, faisant éclater sans pitié les tasse sous ses pieds. Ses mains et ses bras s'agitaient nerveusement, l'air d'appuyer le discours inaudible qui se déroulait dans sa tête. Cet argument, pas celui-ci, un autre. Il s'arrêta soudain, à peu près au milieu, et effectua un magnifique volte-face. Il s'immobilisa une seconde, salua à la manière du Chapelier et lâcha presque d'une seule inspiration alors même qu'il se redressait :

— Fille ! J'ai vu une fille passer il n'y a pas si longtemps c'était il y a cent ans peut-être plus ou moins, mais il n'y a plus un lapin à cent pâtés de civets depuis ici à là-bas. Maison. Tous partis, enfuis, volatilisé, mangés, miaou, par la bête qu'on ne voit pas et qui traque les petits, les grands et les moyens. Plus rien, Madame Lady ! Plus rien ! Depuis les tours jusqu'aux donjons et depuis les échiquiers jusqu'aux échafauds. Reine, rouge, bleu, blanc, chenilles, Chapeau, lézard... zéro. Il n'y a plus rien, je l'ai vu, c'est le vent qui me l'a dit. Un jour casse de tasse, un jour tasse se casse et plus que le vide sur le champ de vision en dehors des communes hallucinations. Pourquoi ? Pourquoi ! Pourquoi ? C'est être fou Madame Lady et la folie j'en connais une maison. Mais c'est une mauvaise folie. Trop ! Trop ! C'est une trop grande généralité ! Tssut ! Ce qui n'est pas pour un ne doit pas vouloir pour tous et les exceptions n'ont pas de règles. Êtes-vous une exception Madame Lady ? Parce que ne pas l'être serait dire que ce que je suis, en l'étant, un semblant de folie logique, mais ce serait une propre aberration à ne pas mélanger avec le thé ! Et les aberrations c'est la tête qu'il faut leur trancher !

Le visage du lièvre était devenu rouge vif d'avoir trop crié et sa gorge l'élançait douloureusement, mais il n'en avait absolument rien à faire. Il y avait quelqu'un, il fallait lui offrir du thé. Se penchant vers la nappe aussi rapidement qu'il avait fait tout le reste de ses déplacements, Haigha s'empara d'une tasse et la balança de toutes ses forces sur la jeune femme avec un sifflement.
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Astrid F. Oakenshield

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MessageSujet: Re: The Sad Mad The Sad Mad EmptyMar 7 Juil - 14:45

The Sad Mad
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Il commençait à faire froid. Très froid. Ce genre de froid qui s'insinue sous les vêtements pour geler la peau, et engourdir les membres. Ce genre de froid qui glace les os, et qui donne la chaire de poule. Ou peut-être était-ce le regard vite de cet étrange inconnu qui l'avait refroidie. Il jouait avec ses mains, bien étrange façon de s'occuper. Ce qu'il faisait là, Astrid n'en savait strictement rien. Elle ne le connaissait pas. Elle ne l'avait jamais vu. Elle le dévisagea, sous toutes ses coutures, ses yeux parcourant les moindres parcelles de la peau de son visage. Rien chez lui ne semblait éveiller un quelconque souvenir lointain. Elle ne le connaissait pas. Après lui avoir clairement indiqué qu'il n'avait rien à faire ici – elle non plus d'ailleurs -, la pauvre fille cru qu'il allait lui dire ce qu'il faisait là, ça aurait été le minimum, ou qu'il allait partir. Mais rien de tout cela ne se produisit. Il la regarda, inerte, vulgaire pantin sans volonté propre, et articula un mot dont la blonde ne comprit pas le sens exacte. « Fille ». Pourquoi « Fille » ? Que voulait-il dire par là ? Bien sûr qu'elle en était une, mais quelle importance ? Astrid fronça les sourcils. Celui-là était encore plus atteint qu'elle ne le pensait. Lorsqu'une lueur raviva le regard de l'autre, elle comprit que c'était le signal de son départ. Elle allait devoir fuir. Et vite. Elle n'en eut pas le temps, et l'étrange personnage agrippa son col avec une force qu'elle ne lui avait pas soupçonné, avant de la tirer vers lui. La pauvre victime laissa échapper un petit cri surpris, et tenta de s'accrocher à quelque chose, en vain.

- Fille ! S'égosilla-t-il

Et Astrid tremblait, ou du moins ses jambes, se débattant comme elle le pouvait pour se soustraire de l’étreinte du Fou. Mais il la tenait si fermement qu'elle n'y parvint pas, elle se contenta de gesticuler violemment pour le faire lâcher prise. Comme elle se débattait, la pauvre enfant. Comme elle avait peur qu'il lui fasse le moindre mal. Et ce n'était même pas fini, car lorsqu'il la lâcha, elle n’eut pas le temps de s'échapper qu'il prit son visage entre ses mains et colla son nez contre sa joue. Elle feula, à la manière d'un chat, ou peut-être grogna-t-elle, mais peu importe, car elle sentait la colère remonter sa gorge comme de la bile, et elle se promettait de l'égorger à la seconde où il la lâcherait. Où le torturer. Où le décapiter. Oh, tant de choix s'offrait à elle. Et tandis qu'elle songeait à toutes les horribles choses qu'elle allait lui faire, elle ne remarqua que la pression de mains de l'autre s'était relâchée, et c'est quand elle le vit se redresser qu'elle comprit, mais n'eut de nouveau pas le temps de reculer pour éviter les mains de l'autre qui l’entraînèrent vers le sol, faisant ployer sa colonne vertébrale. La douleur se fit si aiguë qu'Astrid couina de douleur, et se débattit de nouveau pour pouvoir se redresser. Des doigts vinrent écarter ses paupière, ouvrant ainsi grands ses yeux. Elle le foudroya du regard, pleine de haine et de colère.

-Fille ! Hurla-t-il de nouveau.

Là, elle avait peur. Très peur. Surtout qu'il agitait sa tête dans tous les sens possible, faisant grincer les os de sa nuque de manière macabre. Tous les membres de son corps commençaient à être engourdis, et elle avait mal à peut près partout. Il allait la tuer, cela devenait une évidence. Il était complètement cinglé. Et soudain, il lâcha tout. Comme elle ne s'y attendait pas, la guerrière tomba par terre dans un bruit sourd et étouffé. Elle resta ainsi pendant quelques secondes, engourdie de la tête aux pieds, le regard trouble, et le souffle coupé. Elle trembla un peu, et se força à se relever pour fuir. Le triste spectacle qu'il lui offrait là la laisse figée. Il dansait – ou du moins était-ce l'impression qu'il donnât – et agitait au dessus les mains qui avait retenue prisonnière Astrid. Sous ses pieds s'écrasaient tasses et assiettes de porcelaines, et la spectatrice improvisée recula de plusieurs pas pour s'enfuir sans être vue. Soudain, sans que la blonde s'y attende, l'individu vit volte-face et s'inclina à la manière de l'ancien propriétaire de ces lieux. Elle se figea.

— Fille ! J'ai vu une fille passer il n'y a pas si longtemps c'était il y a cent ans peut-être plus ou moins, mais il n'y a plus un lapin à cent pâtés de civets depuis ici à là-bas. Maison. Tous partis, enfuis, volatilisé, mangés, miaou, par la bête qu'on ne voit pas et qui traque les petits, les grands et les moyens. Plus rien, Madame Lady ! Plus rien ! Depuis les tours jusqu'aux donjons et depuis les échiquiers jusqu'aux échafauds. Reine, rouge, bleu, blanc, chenilles, Chapeau, lézard... zéro. Il n'y a plus rien, je l'ai vu, c'est le vent qui me l'a dit. Un jour casse de tasse, un jour tasse se casse et plus que le vide sur le champ de vision en dehors des communes hallucinations. Pourquoi ? Pourquoi ! Pourquoi ? C'est être fou Madame Lady et la folie j'en connais une maison. Mais c'est une mauvaise folie. Trop ! Trop ! C'est une trop grande généralité ! Tssut ! Ce qui n'est pas pour un ne doit pas vouloir pour tous et les exceptions n'ont pas de règles. Êtes-vous une exception Madame Lady ? Parce que ne pas l'être serait dire que ce que je suis, en l'étant, un semblant de folie logique, mais ce serait une propre aberration à ne pas mélanger avec le thé ! Et les aberrations c'est la tête qu'il faut leur trancher !

Astrid ne comprit pas le moindre mot de ce qu'il venait de débiter. Enfin si, elle avait tout entendu, mais n'en comprenait pas le sens. Tout était si confus, si troublant, qu'elle ne parvenait pas à associer chacune des phrases qu'elle venait d'écouter. Elle cligna des yeux une fois. Puis une deuxième fois. Et se remit à reculer prudemment. Mais sans crier garde, le Fou se pencha sur la table, attrapa une tasse. Astrid ne comprenait pas. Astrid ne comprend jamais rien dans ce pays. Et sans qu'elle s'y attende, la tasse fila vers elle. Autrefois, elle aurait pût l'éviter sans aucun problème, mais le temps avait émoussé ses réflexes. Quel âge avait-elle à présent ? Elle ne pouvait lus le dire. Elle ne s'en rappelait même plus. Et, en une fraction de seconde qui lui parut infiniment longue, la guerrière se prit la tasse en pleine face. Cette dernière se brisa sous l'impact. Sonnée, la jeune femme vacilla, trébucha sur une autre tasse par terre qui avait survécut par miracle à l’hécatombe, et tomba en arrière. Et elle resta là à fixer le ciel d'un air tout bonnement ahuris. Où était-elle déjà ? Hein ? Où était-elle. Et qu'était-elle venue faire ici au juste ? Les secondes passèrent. La silence s'était installé. Astrid reprit progressivement ses esprits, et une dois de plus, se releva. Tout semblait tourner autour d'elle. Tout était flou. Tout était étrangement vacillant. Un liquide tiède, et poisseux, se mit à couler lentement sur son visage. Étonnée, Astrid passa une main sur son front, et lorsqu'elle la regarda de nouveau, elle y constata la présence de son sang. Son propre sang ! C'en était trop !  Elle releva la tête et assassina du regard celui qui finirait la tête sur une pique très prochainement. Son visage était devenu sombre, et étrangement mauvais.

- Toi … Rugit-elle. TOI !

De sa main droite, elle empoigna sa hache, de l'autre, elle essuya son visage ruisselant. Elle se précipita d'un pas rapide vers la table, et lorsqu'elle fut devant sa victime, empoigna une touffe de cheveux avec sa main libre et le tira avec violence par terre. Lorsque cela fut fait, elle se pencha vers lui avec un sourire carnassier, la hache levé au dessus de sa tête.

- Je sais pas ce que tu fais ici. En fait, je m'en fiche totalement, mais je te promet que je vais trancher ton hideuse petite tête et la planter sur une pique pour ce que tu m'as fais !


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Haigha Harrey

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MessageSujet: Re: The Sad Mad The Sad Mad EmptyMar 7 Juil - 16:44


Tables du Chapelier  ◈  Quelques temps après la malédiction

Haigha Harrey
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   L
a tasse avait fait mouche. Frappant la jeune femme en plein front. Il n'y avait pas eut le bruit habituel, celui qu'avait fait la porcelaine en se brisant avait été bien plus étouffé qu'il n'aurait dut l'être et la coupe ne s'était pas très bien fendue. Presque aussitôt, la guerrière était tombée par terre et ne s'était pas relevée depuis. C'était étrange, bizarre, curieux. D'habitude avec le Chapelier cela n'arrivait jamais et les rires reprenaient de plus belle. Là, il n'y avait que le silence, encore et toujours, le même silence juste un peu moins mât que lors de ces derniers mois. Le lièvre resta figé un instant avant de retraverser la table en trombe et sauter à terre du mieux qu'il le pouvait. Il se pencha au-dessus de la jeune femme, la tête penchée. Elle avait les yeux ouvert et de longues lignes rouges courraient le long des légers plis au-dessus de ses sourcils. Haigha agita la main devant les yeux ouverts de son invitée. L'avait-il tué ? La folie pouvait-elle assassiner comme une épée ? Oui, bien sûr.

Lentement, l'étrangère leva un bras et s'essuya le visage avant de regarder ses doigts. Toujours penché au-dessus d'elle, le lièvre songeait qu'il aurait dut lui proposer un mouchoir lorsqu'elle se mit à crier elle aussi. Toi, lui, oui, c'était à lui qu'elle s'adressait. Haigha sursauta et détalla comme les lièvres savaient si bien le faire. A toute allure il prit appui sur la chaise renversée pour remonter sur la table et essayer de la traverser. L'étrangère le prit de vitesse, le fauchant dans sa course alors qu'il n'était pas encore à mi-chemin. Tirant sur ses cheveux et ses oreilles imaginaires, elle le tira à terre. L'homme perdit pied et le lièvre heurta le sol de plein fouet. Ses poumons se vidèrent aussitôt alors que l'autre se penchait vers lui. Jugeant l'air superflu, Haigha n'attendit pas de se faire immobiliser pour se contorsionner. Il dressa les jambes, projeta ses bras vers l'avant et commença à marteler l'armure de la jeune femme à coup de pieds et de mains. Le visage rouge, le souffle rauque et saccadé. Haigha continua à se débattre et à ruer de toutes ses forces, défiant presque les lois des articulations.

— Tête ! Tête ! Tête coupée ! reprit-il en fredonnant. Reine des tête coupées à fait tomber la mienne. Tête ! Tête ! Tête coupée ! Reine des tête sans la sienne s'est promenée.

Alors qu'il fixait la hache les yeux exorbités, ses doigts trouvèrent soudain une prise au niveau des oreilles de la fille. Sans hésiter, Haigha y planta les ongles et tira dessus jusqu'à rapprocher une nouvelle fois ce visage blond du sien pour mordre à pleines dents dans le nez qui dépassait. Et si elle décidait de le frapper, il n'hésiterait pas à le lui arracher. Il sentit aussitôt un liquide âcre et chaud lui couler dans la gorge, mais ne lâcha pas avant de sentir la prise de la jeune femme faiblir. Dès que l'animal sentit le poids au-dessus de lui s'alléger, il cracha bave et sang dans les yeux de son assaillante et griffa la main qui lui tenait les cheveux pour se libérer et s'écarter à toute allure. Quand il estima avoir rampé assez loin, il roula sur le côté pour se remettre sur ses jambes et bondit se cacher sous la table.

Terré entre les chaises, le cœur battant, Haigha risqua une main crasseuse sur la nappe pour récupérer autant de petites cuillères et de couteaux à tartines qu'il put trouver. Juste au cas où l'histoire se termine dans un registre beaucoup plus noir. Il en trouva quatre de chaque et serra son précieux butin contre lui, s'accroupissant dans l'herbe, les sens aux aguets.

— Chapeau Chapelier partit sans rien laisser, marmonna-t-il à toute allure. Ni mot, ni papier. Juste du désordre et un lièvre. Tables, chaises, tasses et tout se casse ! Chapeau Chapelier. Aux ordures Chapelier. Voleur de propriété. Ami, invité, voleur, menteur, tssut. Aux ordures Chapelier !

Haigha se recroquevilla un peu plus sur lui-même, caressant sa tête de sa main libre pour apaiser la douleur dans son cuir. Il valait mieux peut-être ne pas avoir d'invités. Lui ne savait pas comment faire pour s'en occuper. C'était le Chapelier qui savait. Lui il n'était que fou. Mais le Chapelier s'en était allé, comme le temps, il était mort. Le lièvre se mit à gémir avant de s'enfoncer un peu plus loin sous la table. S'il était mort c'était qu'il fallait le venger, mais de qui ou de quoi ? De la Lady qui attendait dehors ? Ou de quelque chose de bien plus grand que ça ?
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Astrid F. Oakenshield

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MessageSujet: Re: The Sad Mad The Sad Mad EmptySam 25 Juil - 22:09

The Sad Mad
Ft. Haigha
Pour être en colère, elle l'était. Elle allait le tuer, et elle y prendrait un grand, très grand plaisir. Cet inconnu lui tapait sur les nerfs. Et il était où, ce Chapelier de malheur ? Hein ? Où pouvait-il être parti ? Envolé, avec cette malédiction qui l'avait tous frappés de plein fouet. Probablement. Oh, si elle trouvait un jour, Astrid se promettait avec tous ses autres promesses qu'elle n'avait jamais tenu qu'elle lui offrirait une tasse de thé après l'avoir frappé pour tous les ennuis qui lui avait attiré. Surtout cet étrange phénomène de foire qui s'était permit de se servir d'elle comme cible à ses petits jeux stupides. Le lancer de tasse, elle avait connu, mais jamais en encore elle ne s'en était plein en plein face. Ça … Fait mal. C'était le moins qu'elle puisse dire, mais la guerrière n'avait pas l'humeur à faire des constatations. Elle allait étriper l'autre taré, et elle pourrait enfin respirer de l'air pur. La jeune femme était bien partie pour séparer sa tête du reste de son corps.

Oh, il avait beau se débattre et marteler son armure à coups de poings, elle ne le lâcherait sûrement pas. Elle le tenait et allait l'achever sans tarder. Pourtant, il y avait quelque chose chez lui qui l'empêcha d'achever son geste et son bras resta en suspension, prête à s'abattre contre le cou de sa victime sans aucune pitié. Aucune ? Que nenni, et c'était bien la pitié qui la fit douter. Elle le regarda avec une hésitation presque palpable tandis qu'il se remit à déblatérer des paroles sans aucuns sens. Certes, il évoquait certainement la Reine Rouge qui avait pour habitude couper les têtes, mais peu l'importait un tel détail car sa vengeance l'aveuglait. Pas suffisamment pourtant pour qu'elle accomplisse ce qu'elle voulait pourtant faire. La blonde se mordit la lèvre inférieur, et alors que son bras se mit à trembler, elle osa un instant baisser sa garde et l'autre agrippa violemment son oreille et la tire de nouveau vers lui. La pauvre fille laissa échapper un cri d’exclamation, et chuta en avant pour se faire mordre le nez par son agresseur. Aussitôt, elle hurla de douleur, et se débattit violemment tout en crachant des insultes toutes plus horribles les unes que les autres à l'égard de celui qui tentait de lui retirer l'odorat. Consciente qu'elle allait s'évanouir avec tout le sang qu'elle perdait avec cette bataille futile, elle lâcha l'autre par dépit. Aussitôt, du sang et de la bave vint troubler sa vue, et sa haine en plus plus encore accentuée. Sa main se mit à lui faire mal, et par instinct, elle lâcha complètement prise et trébucha en arrière pour se retrouver roulée en boule contre le sol. Elle hurla de rage, mais ne bougea pas plus. Elle était fatiguée, avait perdu une quantité de sang discutable, et se sentait nauséeuse. Elle avait mal partout, dans chaque partie de son corps. Une fois de plus, elle s'essuya le visage et tenta de se lever.

Le résultat ne fut pas bien concluant, et elle retomba par terre, complètement affaiblie. Alors elle s'assit en tailleur, et observa ce qu'il se passait du coté de l'autre catastrophe ambulante. Il parlait, encore, encore, et encore. Cependant, ses paroles avaient un peu plus de sens. Ainsi donc, selon lui, le Chapelier lui aurait volé sa propriété. Délirait-il ? Oh, il était fou, mais peut-être cela était-il vrai. Elle ne savais pas grand chose lui, et pour le peu qu'elle lui avait rendu visite, elle n'avait pas vraiment eu le temps de visiter la maison. Pour elle, le tour de la propriété avait été le jardin et la table, et la blonde s'en était toujours tenu à ça. Bah, elle n'avait pas le temps pour ces stupidité, et à qui appartenait cette bâtisse lui importait peu. Elle cherchait pas de maison, mais juste quelqu'un avec qui voyager le temps de trouver un moyen de savoir quelle était cette fichue malédiction qui l'avait plongée dans une solitude sans nom. Et l'autre, lui aussi était seul. Seul. Très seul. Il ne devait pas y avoir grand monde dans les parages depuis des lustres, et autant son comportement l'agaçait sérieusement, autant Astrid avait un minimum de cœur, et pensait qu'il valait mieux l'avertir que lui aussi ne risquait pas de retrouver le Chapelier de sitôt. Et puis, malgré sa colère, elle avait pitié de cet homme.

- Tu sais, fit-elle d'une voix plus claire, ton Chapelier, et tous les autres, ils ont disparus. Une malédiction, mais je n'en sais pas plus. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi certains ont été emportés, et pas d'autres … Bah, il doit bien y avoir une réponse à ça, mais il faudrait déjà trouver la bonne personne à interroger.

Au fur et à mesure qu'elle parlait comme pour elle même, la jeune femme se rendit compte que la douleur s'était atténuée. Elle soupira et ne bougea pas d'un pouce, ne voulant déclencher une nouvelle salve d’hostilité. Autant rester à sa place et voir ce qu'il se passerait.  


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MessageSujet: Re: The Sad Mad The Sad Mad EmptyDim 30 Aoû - 17:23


Tables du Chapelier  ◈  Quelques temps après la malédiction

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   D
ressant haut l'oreille, Haigha jeta un coup d'oeil par dessous les barreaux de chaises. La guerrière s'était tut, mais ses paroles avaient fendues ses pensées plus vite qu'une tartine de pain en travers d'un gosier. Le lièvre sortit la tête une seconde hors de son presque terrier, adressant un regard soutenu à la jeune femme assise par terre. Aussitôt, il retourna dans l'ombre de la table et sautilla de long en large, d'un côté puis de l'autre avant de montrer une nouvelle fois son visage à la lumière.

— Les réponses ne se trouvent pas elles sont toujours perdues lâcha-t-il soudain. Perdues pour l'un, perdues pour l'autre, de l'un à l'autre toujours elles se changent et se déforment, s'entortillent et se ventilent et seules celles qui plaisent aux plus nombreux finissent par faire une réponse homologuée du patronyme de vérité. Se faufilant entre les barreaux, l'homme s'approcha de son interlocutrice en marchant accroupis, tendant une main vers elle comme s'il regardait un tout précieux trésor. Mais les réponses tout le monde les connait, vraies, fausses, troublées, perdues, recyclées, tout le monde en a et en fait passer et aucune ici n'est à vérifier. Le Pays des Merveilles n'a que des réponses et des secrets pas de vérité ni de demi-honnêteté. Les réponses sont superflus, seules les questions ont l'utilité d'être retenues. Question est, à qui les poser ? Réponse étant que ce sera à vous de me la donner. Mais ne donnez jamais de questions répondues et ne posez jamais de réponses entendues. La folie est un luxe que peu peuvent se permettre et elle commence par taper fort dans votre propre raisonaspectabilité. D'un geste lent, Haigha approcha encore jusqu'à n'être qu'à quelques pas de la guerrière. Entends le tic tac toc, le tic tac toc du temps s'entend dans la boite vide du tueur de temps. Partit envolé c'est tragique, mais jamais ne meurt un ami du Chapelier tant que des questions il a à se poser. Et j'ai quelqu'un à interroger pour m'en donner.

Il se redressa soudain, s'égosillant d'un grand "Porte !" et fit volte-face afin de sauter par dessus la table pour foncer vers sa tanière bancale. Passant l'entrée comme une flèche, Haigha descendit dans les profondeurs de son terrier. Le mobilier tête-de-lapin, qui lui avait connu les affres du temps, était couvert de poussière et de longs fils de soies étaient tissés en travers de tous les couloirs. Sans états d'âme, le lièvre brisa les pièges-tapisseries, faisant valser les araignées mécontentes à l'autre bout des fils. Il ne s'arrêta qu'une fois dans son salon à baudet et tira sur un petit champignon palmier planté dans une grande tête de léporidé. Sous le pied de la moisissure, se trouvait une boite verte ornée d'une grande croix. Haigha s'en empara aussitôt et fit demi-tour pour repasser sur la route de ses premiers désastres, creusant un peu plus les toiles collantes sur son passage. Il claqua la porte et sortit par une fenêtre galopant et bondissant à travers la pelouse de son arrière cour jusqu'à effectuer un rouler-boulé qui s'acheva contre la table du Chapelier.

Secouant ses oreilles en même temps que sa tête, Haigha contourna la table en passant par dessous et effectua deux puissants bonds pour finir sa course juste à côté de la guerrière. La boite encore dans les pattes.

— J'ai de la colle pour les murs, de la colle pour le dur et de l'alcool pour les durs, mais je n'ai que de la crème pour les nez. A ne surtout pas gâcher.

Le lièvre ouvrit la boite d'un coup de pied sur le verrou et commença à farfouiller dans les petits flacons et tubes divers et varier qui s'y trouvaient miraculeusement intactes. Il tira un large petit pot qu'il jeta par dessus son épaule avant d'afficher un large sourire de dément en sortant un tube de crème qui semblait sortir tout droit du futur.

— Pique et pique picotent picotement la picotante picoteuse, fredonna le lièvre en fourrant le tube dans les mains de la jeune femme pour en ouvrir le couvercle et récupérer une noisette de crème. Blanche et rouge sur les carreaux vernis pour humer s'asticotent c'est par ici. Et il mis avec délicatesse une large couche de baume sur un morceau du nez meurtrie de la jeune femme. Le Chapelier n'est pas partit. Il en faut peu, il en faut moins, mais de son thé jamais n'est loin. Disparu alors ! Volé par qui ? Rapporté par où ? N'est ici que qui n'est pas ailleurs alors est ici ce qui n'est pas là. Poursuivit-il en appliquant la crème sur toute la blessure. Or nous ici ! Prenions le thé en très bonne compagnie lorsqu'on m'envoya chercher pour un message urgent. Demi-tour passe et roule, plus un loir, plus un chat, plus un ventre qui gargouille. Chat ! De retour m'était d'avis que c'était moi qui était partit et que par conséquent eux aussi. Il referma le tube de crème et essuya ce qui lui restait sur les doigts en traçant deux lignes blanches sur la joue de sa nouvelle connaissance avant de s'appuyer sur elle, son visage à tout juste quelques centimètres du sien. Nous sommes ici car nous le croyons mais m'est d'avis maintenant que ce sont eux qui sont là et nous ailleurs. Voyez les choses comme ça ou de toute autre façon, mais à chaque homme sa raison.

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MessageSujet: Re: The Sad Mad The Sad Mad EmptyMer 30 Sep - 18:27

The Sad Mad
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Avait-ce été une si bonne idée de passer par la table du Chapelier dans son début de périple aventureux ? Aurait-elle du rester dans sa cabane à attendre que le temps passe et que la mort veuille enfin d'elle ? Et pouvait-elle au moins mourir ici ? Non bien sûr, elle ne le peux pas. Ici, personne ne meurt. Et le Chapelier, quel âge avait-il avant de disparaître, déjà ? Et Astrid ? Quel âge pouvait-elle bien avoir ? Elle n'avait pas plus le visage juvénile de ses années passées avec son ancienne famille. Sa famille … A présent, elle n'avait rien. Plus rien du tout. Juste l'espoir, et encore, il se ternissait au fur et à mesure des secondes. Chaque fois qu'elle inspirait cet air nocif. Chaque fois qu'elle repensait à tous ces souvenirs heureux. Chaque fois qu'elle regardait ce fou débiter des paroles insensées. Ses pensées à elle étaient confuse, embrouillées par la violence du moment, par les informations qui y étaient trop vite montées, et par la douleur qui lui tordait chaque parcelle de son corps. Trop fatiguée pour tenter quoi que ce soit, elle regarda l'étrange personnage sortir de l'ombre dans laquelle il se terrait, suivant chacun de ses mouvement de son regard acéré de loup, puis il disparut à nouveau dans l'obscurité des chaises. Elle soupira, lassée par ce petit jeu du chat et de la souris à laquelle on pouvait ajouter une dose de sang et de folie. Alors qu'elle tentait vainement de se remettre sur pieds, l'inconnu se remit à parler avec toute la folle frénésie qui l'habitait. Elle n'y compris cependant rien du tout, et l'écouta philosopher sur les réponses tandis qu'il reparaissait à la lueur du petit jour et qu'elle le suivait de nouveau de ses iris canines. Elle lui aurait bien sauté à la gorge, mais le goût amère de sa défaite précédente la laissa terrée dans une prudence sans nom. Astrid recula cependant son visage avec dégoût quand il approcha sa main vers elle, les mâchoires serrées comme si elle s'empêchait de le mordre, et les flammes du courroux dansant dans son regard. Et il recommença à parler. La blonde lui aurait bien demandé de se taire deux minutes, mais ses mâchoires restaient collées l'une contre l'autre pour éviter de hurler toute sa rage au visage du pauvre fou. Et il s'en alla.

Il ne partit pas bien loin, juste à l'intérieur du moulin du fond, qui devait sûrement être la demeure du Chapelier, juste après avoir crié le mot ''porte'' comme si ''porte'' était devenu un simple cri de surprise ou d'exclamation. Après tout, tout est possible au Pays des Merveilles, alors … Pourquoi pas ? Il se passa plusieurs minutes où Astrid ne fit que fixer un point dans le vide avant que le fou ne revienne à la charge, roulant dans l'herbe après avoir fait un vol plané depuis une fenêtre de la bâtisse. La commissure des lèvres de la jeune femme s'étira un peu, mais une douleur plus vive que les autres lui tira les traits du visage, et elle se contenta alors de garder la même expression de mauvaise humeur que d'habitude. Au lieu de contourner la table, il avait eu plus vite fait de passer par en dessous, et Astrid le regarda faire avec une curiosité mal dissimulée. Il atterrit finalement devant elle, un étrange paquet sous les bras. Allons donc, que voulait-il cette fois ? Lui lancer un mauvais sort qui aurait vite fait de l'achever pendant qu'elle était encore sous le choc de la précédente joute ? Méfiante, elle recula avec difficulté, mettant le plus d'écart entre elle et cet énergumène. Pourtant, il lui sortait une de ses énigmes dont lui seul avait le secret, et elle comprit avec un certain temps de réflexion qu'il voulait l'aider à réparer les dégâts. Les affreux dégâts causés à son nez. Rien qu'à cette pensée, la guerrière grogna, un son rauque faisant vibrer sa gorge pour dissuader n'importe qui de lui chercher des ennuis. Pourtant, il se mit à fredonner une chanson au sens tout simplement absurde, et lui flanqua dans ses mains osseuses un étrange objet qui ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait pu voir dans sa vie. Le fou ouvrit le couvercle de l'étrange instrument, et en sortit une sorte de crème dont la texture seule lui donnait l'impression qu'il ne fallait absolument pas que cette chose touche sa peau. Pourtant, elle se laissa faire, docile, quand il lui appliqua la mixture sur son nez encore douloureux et saignant. Le contact frais du baume lui fit du bien, à son grand étonnement, et dans un ronronnement inaudible, elle le laissa continuer sans dire un seul mot. Après tout, pourquoi compliquer les choses quand on peut faire simple ?

Et il continua son charabia jusqu'à ce qu'il eut fini de désinfecter la vilaine plaie qui recouvrai le nez endolori de la pauvre fille, puis il essuya ses doigts sur ses joues, ce qui la fit maugréer, et il s'appuya sur elle comme si elle avait été réduite au simple statut de coussin ou d'oreiller. « Nous sommes ici car nous le croyons mais m'est d'avis maintenant que ce sont eux qui sont là et nous ailleurs. Voyez les choses comme ça ou de toute autre façon, mais à chaque homme sa raison. » Elle haussa les épaules, chassant une idée aussi absurde que celle-ci de sa tête. Le pauvre homme délirait complètement. Ils étaient bel et bien ici, quoi qu'ils disent et quoi qu'ils fassent. Elle s'était endormie un soir dans sa cabane, et puis au réveil, tout le monde avait disparut. Plus personne. Ni ce fou de Chapelier, ni cet agaçant chat de Cheshire. Personne. A part cet énergumène. Elle avait entendu dire par certains survivants qu'elle ne fréquenterait pas pour le moins du monde que c'était là l'objet d'une malédiction. Pourquoi mentiraient-ils ? C'était sûrement vrai après tout.

« - Si vous le dîtes … Pensez ce que vous voulez, mais moi, je vous dis que c'est là l'objet d'une malédiction. Ils ont tous été réduits à néant, ou alors ils ont été transformés en arbres … Qu'importe, moi, je me soucie de savoir ce qu'il s'est vraiment passé. Merci pour le baume, et désolée pour le dérangement. Je part à cette heure voyager pour trouver la solution à tous mes problèmes. Peut être alors que je pourrais trouver le Chapelier tandis que vous continuerez de vous morfondre ici à vous persuadez de je-ne-sais-quoi d'absurde qui vous sort de votre tête ... » Et sur ces mots, les membres encore tiraillés par la douleur, elle se leva. Il fallait bien faire quelque chose au lieu de rester assis là à se battre avec le premier venu !


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MessageSujet: Re: The Sad Mad The Sad Mad EmptyMer 11 Nov - 13:53


Tables du Chapelier ◈ Quelques temps après la malédiction

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H
aigha fixa avec une grande intensité le visage de la jeune femme, prenant, de ce regard tout particulier que peut avoir un lapin tombé sur un renard ou un fou se prenant pour un lièvre. Une malédiction ? Mais qu'était-ce donc ? Cela avait-il un rapport avec le thé ? Avec les trèfles ? Avec le Chapelier ? Haigha pencha la tête, étirant bien loin ses longues oreilles courtes. La guerrière souhaitait partir désormais, pourtant il ne lui avait pas encore proposé de biscuits ni de sardines. Qu'aurait dit l'homme au chapeau s'il avait laissé partir une invité en son absence ? Sûrement en aurait-il trouvé un terme nouveau fort bien adapté. Mais madame lady souhaitait toujours partir en voyage, sous le prétexte bien tortueux que cette simple solution résoudrait ses problèmes. Ignorait-elle qu'en dehors des ampoules et fleurs des champs rien ne se trouvait sur les sentiers ? Cela aurait mérité d'être argumenté. Mais une phrase de la jeune femme fit dresser les oreilles et tous les poils de notre très cher lièvre, qui sauta sur ses pieds avant de bondir sur la guerrière, agrippant sa cuirasse à deux mains en collant une nouvelle fois son visage tout prêt du sien.

— Trouver le Chapelier ! Oh oui, car il s'est perdu, mais trouvez-le et il saura où il est et ne pourra plus rentrer. Car si l'on peut retrouver et rapporter uniquement ce qui s'est perdu tout ce qui ne l'est plus est livré à soi-même. Je veux vous accompagner ! Trouver le Chapelier, c'est comme trouver les huitres dodues du dodo dans son dos. Un devant, un derrière, à deux faire un guet-apens et s'arranger de tout un tas de manières. Deux têtes, quatre yeux, donnent une vision plus claire, insista le déluré en désignant de ses doigts crasseux tantôt ses prunelles tantôt celles de la guerrière. Et deux cous à trancher sont bien moins aisés, surtout lorsqu'ils sont superposés.

Lâchant soudain la jeune femme, Haigha recula, levant un bras vers le ciel avant d'abattre son index vers le sol de toute la force de la justice. Avant de pivoter sur lui-même pour sauter sur la table des deux pieds.

— Un voyage demande provisions, prévisions et prédictions. Thé, cuillères, bol, coupe, glace, cafetière, affirma l'animal en jetant par dessus sa tête tout les couverts qui lui passèrent sous la main. Armement, poursuivit-il en grimpant sur une chaise qui bascula sous son poids. Cuirassement, fit-il encore en sautant à terre lorsque son socle s'écroula. Déguisement, termina-t-il en s'approchant de la jeune femme, le dos plié comme pour se cacher derrière un muret. Seul un inconscient partirait sans cela et vous n'êtes pas une inconsciente. N'est-ce pas madame lady ? Thé, sacs, bol, porc séchés et grand réchaud, je pars chercher et vous restez, qu'il ne nous reste qu'à partir chercher.

Et sur ces mots il s'engouffra à travers le jardin puis à travers la fenêtre de sa maison, courant à tout allure vider les pièces de tout ce qu'il pouvait trouver. Il tira de milliers de cachettes tout un arsenal d'objets inattendus qu'il fourra dans un grand sac et ne s'arrêta qu'un instant, devant un petit miroir sans cadre, légèrement fendu. Posant ses affaires et essuyant ses mains sur le revers de son manteau, Haigha récupéra religieusement l'objet qui reflétait tristement son image. Il contempla ses traits figés, totalement impassible et tira d'une de ses poches un grand mouchoir digne d'un morceau de rideau blanc qu'il enroula autour du verre avant de le fourrer, à son tour, dans le sac. Il ne lui restait plus qu'à ressortir, en espérant que durant son absence, l'inconnue ne s'était pas éclipsée.
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