L’amour est un poison. Un poison certes délicieux, mais qui n’en est pas moins mortel.
Il était une fois ... La fille avisée du paysan
Il y a bien longtemps dans un royaume reculé de tout et de tous vivait un famille. Le père était un paysan honnête et travailleur qui avait épousé une femme magnifique dont la sagesse égalait avec la générosité. Tous deux eurent une petite fille qui avait hérité de l'honnêteté de son père et de sa beauté et la sagesse de sa mère, et ils l'appelèrent Heileen. Les années passèrent, et un jour funeste, la mort emporta la mère d'Heileen. Le père, accablé, brûla toutes les affaires de sa femme pour apaiser sa douleur. Heileen se retrouva donc avec pour seul souvenir de sa mère le violon qu'elle lui avait légué deux ans plus tôt.
Les années passèrent, et le paysan se retrouva ruiné après la mort de ses bêtes qu'il comptait revendre au boucher en automne. Heileen eut alors l'idée de proposer à son père d'aller voir le roi pour lui demander une petite parcelle de terre. Dans sa générosité journalière, il offrit au paysan un petite carré d'herbe que ce dernier laboura avec sa fille pour semer des graines. Alors qu'il achevait de retourner la terre pour y planter ses graines, le paysan trouva alors un mortier en or. Il alla alors trouver sa fille pour lui montrer sa trouvaille et lui annonça qu'il irait se rendre chez le roi pour lui offrir ce mortier en gage de sa reconnaissance pour leur avoir offert cette parcelle de terre. Mais Heileen ne vit pas ça d'un bon œil, et elle avertit son père du danger qu'il courrait s'il offrait cet objet au monarque.
"- Père, si tu te présente avec ce mortier sans le pilon qui va avec, alors on te demandera où est passé le pilon et on te jettera en pilon puisque nous ne l'avons pas."Mais le paysan, trop honnête pour son propre bien, n'écouta pas sa fille et se rendit au château et un fois devant le roi, lui présenta l'objet et lui demanda d'accorder son présent. Mais le roi, avide d'or, lui demanda alors où était le pilon qui allait avec. Ne l'ayant pas, on le jeta en prison jusqu'à ce qu'on ai trouvé le moyen de trouver le pilon manquant. Chaque jours, des serviteurs virent apporter au pauvre homme pain et eau, et chaque jour, il se lamentait de n'avoir écouté sa fille.
"- Ah, si seulement j'avais écouté ma fille ! Ah ! Si je lui avais obéis ..."Les serviteurs allèrent chercher leur monarque pour lui faire part de ce qu'ils avaient entendu. Ce dernier, intrigué, ordonna qu'on lui apporte le prisonnier, et une fois celui-ci amené, le roi lui demanda pourquoi il criait ainsi. L'homme infortuné lui raconta que sa fille l'avait prévenu qu'on le jetterait en prison s'il apportait le mortier au château alors qu'il n'avait pas le pilon.
"- Hé bien, si ta fille est aussi intelligente que tu me le raconte, nous la ferons venir ici."Et Heileen s'empressa de venir au moment où elle vit le messager du roi s'approcher de la ferme. Lorsqu'elle se présenta à lui, le roi la trouva à son goût bien qu'elle soit une simple paysanne.
"- Si tu es si intelligente, tu devras résoudre l'énigme que je te poserais. Si tu la résous, je te prendrais comme épouse. Si tu échoue, je ferais exécuter ton père pour m'avoir menti."Et la pauvre fille n'eut d'autre choix que d'accepter la proposition du roi. Il fallait qu'elle aille de chez elle jusqu'au palais ni vêtue, ni dévêtue, ni à cheval ni en carriole, et qu'elle ne soit ni sur le chemin, ni à coté du chemin. Elle rentra donc chez elle, et entreprit de chercher tout autour d'elle quelque chose qui l'aiderait à sauver son père. Ce fut au bout de quelques minutes acharnées à réfléchir à la solution de l'énigme qu'elle su comment faire. Alors, elle se déshabilla et qu'elle se drapa d'un filet de pèche. Ainsi, elle n'était ni habillée, ni nue. Ensuite, elle se fit prêter un âne contre quelques pièces, et attacha le bout du filet à la queue de l'animal de façon qu'il la traine. Elle n'était donc ainsi pas sur la route, ni à coté, puisque ses pieds ne touchait pas le sol. Quand le roi la vit arriver avec son attirail, il décréta qu'elle avait résolu l'énigme, et annonça à sa cour qu'il l'épouserait le lendemain. Il libéra donc le paysan, et accorda à Heileen le droit de rentrer chez elle pour la nuit et de prendre avec elle les affaires qu'elle voudrait emmener au château.
Assise devant l'âtre de sa cheminée, à regarder danser les flammes avec ses yeux humides de larmes, la demoiselle tentait de se résoudre à accepter son destin, en vain. Le fait d'épouser un homme qu'elle n'aimait pas et qui était un moins trois fois plus vieux qu'elle la dégoutait. Son père avait essayé de la rassurer en lui promettant qu'elle serait heureuse et qu'elle aurait tout ce qu'elle voulait, mais rien ne pouvait stopper son chagrin. Elle se rendrait au palais demain vêtue de sa plus belle robe et de son violon.
Les années passèrent, et Heileen fut une reine très appréciée de son peuple. Elle même se surprit à apprécier sa vie à la cour. Un jour où le roi s'était rendu à la parade, lui et sa femme assistèrent à une dispute entre deux paysans. Chacun avait une charrette, l'une tirée par des cheveux, l'autre par des bœufs. L'un des chevaux avait mit bas à un poulain qui était allé se coucher entre les pattes de deux bœufs qui étaient attelés à l'autre charrette. Voyant cela, les deux paysans s'étaient mit à se disputer violemment et à se battre. L'homme aux bœufs revendiquait le poulain, et l'homme aux chevaux en fit autant car il était le véritable propriétaire du poulain. Le roi, ayant assisté à cette dispute, et agacé par tant de tapage alors qu'il voulait passer, décréta que le poulain irait là où il était couché. L'homme aux bœufs eut alors le poulain tant bien même il ne fut pas à lui.
L'autre s'en alla en pleurant et se lamentant d'avoir perdu sa bête. La reine parvint à s'éclipser et s'en alla le rejoindre pour le réconforter de sa perte. Il la pria alors de l'aider à récupérer le poulain. Bien entendu, elle accepta.
"-
Je vous aiderais si vous me promettez de ne pas me trahir, fit-elle avec un grand sourire,
demain, le roi se rendra à la parade. Placez vous au milieu du chemin qu'il empruntera, munissez-vous d'un filet de pèche et faites comme si vous étiez en train de pêcher. Continuez ainsi, et secoue votre filet comme si vous étiez en train de le vider."
Et elle continua de lui expliquer son plan en détail avant de disparaitre rejoindre son mari. Elle n'était pas sûre que son plan marche, mais il fallait bien essayer quelque chose. Le lendemain, le paysan fit exactement ce que Heileen lui avait dit, et quand enfin le roi arriva dans son carrosse et lui demanda ce qu'il était en train de faire, l'homme lui répondit "- Je pèche !". On lui demanda alors comment pouvait-il pêcher s'il n'y avait pas d'eau, et il haussa les épaules comme si la réponse était la chose la plus évidente au monde avant de répondre : " -
Je peux pêcher à un endroit parfaitement sec exactement de la même façon que deux bœufs peuvent donner naissance à un poulain."
Furieux d'avoir été bafoué ainsi, le roi l'emmena au château pour qu'il s'explique. Il savait que cette réponse n'était pas de lui, et il voulait savoir de qui il la tenait. Pourtant, fidèle à la reine, le paysan répétait que cette réponse était de lui, et qu'il n'avait pas eu besoin de quiconque pour l'imaginer. Mais le roi ne voulut pas le croire, borné comme il était, et fit torturer le pauvre homme par ses soldats pour lui faire avouer. A bout de force, il finit par avouer que c'était la reine qui lui avait dit de faire ainsi.
Furieux, le roi fit venir son épouse et fit exécuter le paysan sous ses yeux horrifiés, et aussitôt après, la chassa du château avec pour seul accord qu'elle puisse récupérer ce qu'elle avait de plus cher à ses yeux. Le choix fut vite fait, elle après avoir revêtu des affaires de voyage, prit son violon et quitta le palais pour reprendre le cours de la vie.
Pourtant, quand elle revint chez son père, on lui apprit qu'il était mort dans le cours de l'année, emporté par le chagrin de le plus voir sa fille car le roi le lui interdisait. Accablée par son chagrin, elle s'effondra par terre et pleura toutes les larmes de son corps. Elle décida de quitter le royaume pour aller chez son voisin, la Forêt Enchantée.
Il était une fois ... Le violon merveilleux
Suite à son départ précipité du Palais, Heileen fut contrainte de quitter le royaume pour oublier ses malheurs. Ainsi donc, dans sa vie, elle avait voyagé, et voyagé, toujours plus loin. Elle avait prit un bateau des plus majestueux pour aller à Aghraba, puis lassée du sable et de la chaleur, elle était repartie dans la forêt enchantée. Ayant entretenu une relation épistolaire des plus amicales avec le très célèbre Magicien d'Oz, Heileen se mit en tête d'aller dans ce pays des plus singuliers. Le Magicien lui avait vendu des théories sur le moyen d'accéder à Oz, et il fut alors question de trouver une catastrophe naturelle suffisamment puissante pour la faire voyager. Elle mit près d'un an à trouver la bonne tempête, et ce fut un jour pluvieux sur la côte qu'elle quitta la Forêt Enchantée. La jeune femme s'était arrêté dans une ville portuaire pour la semaine, quand un soir, une violente tempête s'était déclenchée : la pluie tombait violemment contre les carreaux de la fenêtre de sa chambre d'auberge. Au loin, sur le port, les marins attachaient solidement leurs bateaux. Ce fut dans ce terrible événement qu'elle prit la décision de partir vers de nouveaux horizons. Elle avait revêtu ses vêtements les plus chauds et avait prit des provisions ainsi que son violon, et puis elle était sortie de l'auberge malgré les protestations des clients qui l'avertirent du danger. Une fois sur le port, elle demanda aux marins ce qu'ils se passaient, et on lui répondit qu'un ouragan était en train de se déchaîner sur l'océan. Elle manda alors à l'un d'eux de l'y emmener, mais tous refusèrent de risquer leur vie.
« - Hé bien, puisque personne ne semble suffisamment courageux pour m'y emmener, je vous achète le plus petit bateau que vous ayez. »Et on lui vendit un petit bateau de pêche. S'approchant inexorablement de l'ouragan, la jeune fille s'agrippait à son sac de peur de perdre l'objet le plus précieux à ses yeux : son violon. Soudain, l'embarcation se retrouva face à l'ouragan, qui se révéla être un véritable typhon. Le bateau se rapprochait dangereusement de la spirale infernale, et pour la première fois depuis qu'elle s'était lancée dans ses recherches, elle eut peur de mourir. Elle avait agi sur un coup de tête, et elle allait en payer le prix. Et son bateau se fit aspirer, avec elle dedans.
La première chose qu'Heileen fit en se réveillant fut de sursauter puis de reprendre une grande inspiration. Affolée, elle tournait frénétiquement la tête pour savoir où elle était. Pas en mer en tout cas, car le contact de l'herbe sous sa peau était bel et bien présent, et le décor autour d'elle ne ressemblait pas à de l'eau. Plutôt un foret, certes étrange, mais c'était une foret. Elle avait réussit ! Heileen était arrivée à Oz. Trop heureuse, elle vérifia que son instrument n'avait rien, et se mit en route pour la Cité d’Émeraude que l'on pouvait apercevoir au loin.
Heileen connaissait bien son dirigeant. Un magicien roublard qui l'avait roulé dans la farine quelques années auparavant alors qu'elle était encore reine. Ils avaient finit par correspondre par lettres et c'est ainsi qu'elle lui avait acheté ses théories. Et elle allait de nouveau lui acheter une chose. Le moyen de se rendre à Wonderland. Elle fut évidemment bien reçue, en bonne et due forme, et le magicien lui vendit les informations qu'elle cherchait. Alors, le remerciant, elle partit en direction de la foret la plus proche à la recherche d'un trou. Un trou qui lui permettrait de se rendre chez les fous.
Elle finit par trouver son bonheur. C'était un trou de large envergure, qui aurait put permettre à un ours de passer sans aucune difficulté. Dans un premier temps, la jeune femme avait hésité à plonger dans l'obscurité terrible qui régnait à l'intérieur, mais elle savait pertinemment que si elle ne tentait rien, elle ne pourrait pas savoir si c'était le bon ou non. Il se trouva que ce fut un des trous qu'elle cherchait depuis des jours, et alors qu'elle chutait encore et encore dans un long tunnel vertical, Heileen rencontra des obstacles plus étranges les uns que les autres. Parfois, elle put s'admirer dans un miroir surmonté de décoration d'argent, et parfois, elle pouvait piocher des biscuits sur une table nappé.
Sa chute interminable prit fin alors que l'ennui se fit sentir. Contre toute attente, elle se posa sur un sol meuble et frais en douceur. Heileen se trouvait toujours dans un tunnel, mais cette fois, elle voyait une faible lueur éclairer le fond. Une issue se présentait à elle. Ses pas la menèrent jusqu'à la source de la lumière. Elle déboucha sur la foret la plus étrange qu'elle n'avait jamais vu.
Elle eut cependant oublié un détail. Heileen n'avait aucun moyen de rentrer chez elle à présent, à moins de se remettre à chercher une catastrophe naturelle qui la remmènerait à Oz. Elle était coincée ici, et pour un temps indéterminé.
Il lui suffit d'un an pour s'adapter au décor du pays. Wonderland n'était un endroit désagréable, et les gens étaient accueillants. Mais Heileen était en manque de compagnie. C'était ce genre de femme à ne pas aimer rester seule et à toujours chercher de la compagnie. Alors elle partit sur les routes de Wonderland avec son violon. Selon sa mère, cet instrument avait le don d'émettre une musique qui pouvait être entendue à des mètres à la ronde. Alors elle joua, encore, et encore, jusqu'à ce qu'une première personne vienne. Un homme, âgé de la quarantaine, le front dégarni et le ventre bedonnant, qui vint vers elle avant de grands gestes de bras pour attirer son attention. En voyant son air peu engageant, la jeune femme recula non sans méfiance dans son regard. Ce n'était certainement pas la personne qu'elle voudrait emmener avec elle. Il engagea la conversation, mais Heileen finit par le laisser sur place en s'enfuyant toujours plus loin. Et elle se remit à jouer une deuxième fois. Cette fois, ce fut une jeune femme qui vint. Très grande, et élancée, elle faisait balancer son imposante chevelure blonde au fil de ses pas tandis qu'elle lançait des regards intéressés à la plus jeune. Cette femme n'inspirait pas confiance à la musicienne. Et ainsi, elle la laissa là et s'en alla le plus loin possible.
Alors, dépitée, elle reprit sa route et joua pour la dernière fois. Si personne d'honnête et de bien intentionné se présentait à elle, elle s'en irait se terrer dans sa profonde solitude. L'archet se frotta à cordes blanches de l'instrument, et un son doux monta alors dans la foret pour atteindre la cime des arbres. Un bruissement lui parvint alors, venant du buisson d'en face. Alarmée, et surtout méfiante, elle brandit son archet en guise d'arme pour se protéger de ce qui pourrait surgir. Mais ce ne fut pas une bête sauvage, ni une de ces personnes mal intentionnées qui vint à elle, mais un chien d'une blancheur immaculée au regard profondément sincère.
Elle venait alors de trouver le compagnon idéal. Mais le bonheur ne dura qu'un mois, et une terrible malédiction frappa Wonderland, ainsi que le reste des mondes Fantastiques. Mais là ne fut pas la fin, et une nouvelle vie s'offrit à elle.
Il était une fois ... Heileen Graham
Heileen venait de fêter son 25 ème anniversaire. Comme chaque année, elle allait le célébrer à la Souche pour un prendre un chocolat chaud. Cette année-là fut comme toute les autres. Pareille et semblable à chaque année. Ses parents étaient morts dans un accident de la route des années plus tôt, et la jeune femme avait du faire face à de nombreuses difficultés. Elle s'était mariée dès sa majorité mais son couple ne dura que deux ans avant un divorce des plus douloureux, perdant alors maison et argent pour se retrouver à l'hôtel avec pour seuls réconfort sa chienne et son violon.
Elle avait vite fait de reprendre ses études tandis qu'elle les payait en jouant les artistes de rues à temps partiels. Mais vivre à l'hôtel n'était pas des plu agréable, sans compter sur l'insistance de son ex-mari pour qu'elle rembourse une dette alors inexistante. Mais selon sa mère, il y a toujours une solution à tout, et sa solution à elle était de garder le sourire, qu'importe ce qui lui arriverait.
Toujours et à jamais.