-We must not look at goblin men, we must not buy their fruits...

Le pas léger, le sourire aux lèvres, le Chapelier s'avançait sous le couvert des arbres, les bras chargés il fallait l'avouer d'épices diverses et variées. Sa voix chantante résonnait dans l'obscurité des bois, le silence des arbres, et rien ni personne ne lui répondait. Mais qui le pouvait? Personne ne l'entendait, ou du moins, c'est bien ce qu'il croyait, car ne sait-on jamais ce qui peut se cacher sous les feuilles des arbres.
Quelle pouvait être la raison d'un tel enthousiaste? Il y en avait plusieurs, soyons francs voulez-vous, et la première était sans doute qu'il était devenu fou. Et tout fou qu'il était, il possédait tout de même un semblant de raison, une raison qui le poussait à construire sa maison, sa table, son chez-lui accueillant, quelque part où tous pourraient s'y attarder avant de prendre une tasse de thé. Peut-être était-ce un rêve, un rêve idiot d'un idiot en cavale, mais ce n'était pas pour autant qu'il se laissait la moindre trêve car c'est toujours en creusant qu'on atteint son rêve. Alors il y croyait, cet homme dans les nuages, il croyait à sa table qui un jour serait sienne. Et c'est pour ces raisons qu'en ce moment même, il trottait tranquillement vers son rêve d'enfant.
L'homme des plus étrange finit par arriver dans une clairière, fleurie et toute de soleil illuminée, une clairière où déjà trônait fièrement une table pleine d'aliments. Tasses, théières, cuillères, assiettes... Bols, couteaux, beurre et fourchettes, ici déjà on se sentait ailleurs, entre les effluves de thé, d'encens et de fleurs. Et c'est dans ce décor presque idyllique que pris place notre Chapelier toqué, relâchant sa charge brutalement sur la table sans prendre la peine d'y mettre un peu d'ordre. D'un habile coup de main il fit sauter son couvre-chef, se passant une main dans les cheveux sans retenir un rire nerveux avant de reposer ce dernier sur son cuir chevelu et d'étaler ses trouvailles d'une bien étrange manière. Peut-être y avait-il de l'ordre dans ce chaos, une logique à ces gestes et une raison à ses élucubrations, mais quand bien même il y en aurait une, qui aurait put décrypter ce qui se cachait chez le Chapelier?

-Who knows upon what soil they fed...

Lentement, avec des gestes presque cérémonieux, le fou commença une danse bien extravagante, verser l'eau, se prendre une tasse, y déposer les herbes avant d'y adjoindre le liquide, quelques gestes simples mais tout aussi précieux aux yeux de notre protagoniste. Après tout, tout bon hôte se devait d'attirer ses invités, leur proposer du thé et des biscuits avant de leur tenir une discussion des plus intéressantes, et qu'était-il sinon un bon hôte en manque de locataires ? Mais ils allaient arriver, ils se devaient de rappliquer sinon il irait lui-même réclamer son dût, néanmoins il ne craignait rien, viendrait qui viendra et adviendra ce qu'il pourra, le thé refroidira mais lui resterait là. Alors sans plus de précipitation, le fou se dirigea vers l'imposant siège qui lui trônait fièrement à l'autre bout de la table, s'y asseyant précautionneusement avant de fixer le vide face à lui.
Dos droit, mains croisées, tête haute et large sourire aux lèvres, ses yeux s'étaient posés sur un point invisible qu'il était le seul à voir, un point juste au dessus du tas de tasses, un point où ne tarderait pas à apparaître le premier invité, le premier d'une longue lignée.

-Their hungry thirsty roots?